Une enseignante témoigne sur les colonies de vacances !
Enseignante en école élémentaire depuis une quinzaine d’années et directrice de colo, Amélie Raux témoigne sur les colonies de vacances et la mise en œuvre du Pass colo.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis enseignante en école élémentaire depuis une quinzaine d’années. En parallèle, j’ai été animatrice et directrice de colonie de vacances. Je continue d’occuper le poste de directrice pendant les vacances scolaires.
Pensez-vous que cette expérience des colonies de vacances a influencé votre choix de devenir enseignante ?
C’était une évidence pour moi de passer mon BAFA à 17 ans puis de passer le concours pour devenir enseignante. C’est une approche complémentaire.
Mon expérience en tant qu’animatrice a confirmé mon choix de devenir institutrice, car j’ai constaté que j’avais un relationnel facile avec les enfants.
En quoi les compétences que vous avez acquises en tant qu’animatrice de colonies de vacances se sont-elles révélées utiles dans votre carrière d’enseignante ?
Les compétences acquise et utiles dans ma profession d’enseignante sont les suivantes :
- La gestion de groupe et la connaissance de l’enfant. Pendant la formation BAFA, on apprend à connaître l’enfant et son rythme.
- La posture en tant qu’adulte, ramener le calme dans la classe, faire preuve d’autorité. Mon expérience en colonie m’a beaucoup apporté et a confirmé ma posture.
- L’organisation de projets : en tant qu’animatrice et directrice de colo, j’ai appris à gérer des projets et cela se transpose dans mon travail d’enseignante. En effet, j’organise de nombreuses activités qui demandent des compétences particulières comme la kermesse, des rencontres sportives, le spectacle de fin d’année, …
Quels enseignements avez-vous tirés de la gestion des enfants pendant une colo et comment les appliquez-vous dans votre salle de classe aujourd’hui ?
Quand on veut devenir instituteur, on passe le concours pour suivre, par la suite, une formation pendant les deux premières années. Les formateurs nous rendent visite trois à quatre fois par an. Ce n’est pas beaucoup.
J’ai appris à travailler en équipe grâce à l’animation, notamment, car le directeur suit le stagiaire pendant les 15 jours de stage pratique et en continu. De plus, on bénéficie de l’expérience des collègues !
Avez-vous des anecdotes pendant vos colonies de vacances qui vous ont laissé une marque durable ?
Je pense souvent au temps passé sur les contes animés où nous passions des soirées à créer des histoires. J’utilise régulièrement toute cette méthodologie avec l’équipe enseignante pour monter des projets à l’école.
Une autre anecdote sur mon rôle de directrice de colonie de vacances est la suivante : nous avons eu un problème avec deux enfants qui sont sortis du centre. Ces derniers avaient un comportement difficile. Nous avons pris une décision lourde pour protéger le groupe : celle de les renvoyer chez eux dès le début du séjour. Depuis ce jour, j’ai appris à prioriser le groupe et à le protéger.
Comment la diversité des participants en colonies de vacances a-t-elle influencé votre perception de l’enseignement et de l’inclusion dans l’éducation ?
Ces dernières années, nous avons eu quelques enfants avec des troubles d’apprentissage ou de comportement. L’angoisse des parents avant le départ en colonie de vacances m’a frappé. La collectivité est vécue différemment en colonie et à l’école. J’ai constaté que les enfants avec des troubles s’épanouissent plus facilement en colonie de vacances. Cela est renforcé car nous avons un lien plus proche avec les enfants et les parents, car nous avons plus de temps. Nous pouvons donc échanger beaucoup plus avec eux, sur leur vision, leurs émotions et leurs ressentis.
Pour ces enfants ayant des troubles, avoir cette proximité me permet de prendre du recul sur leur vécu. Cela est primordial, même si les temps off sont très courts dans le métier d’enseignant. Il est important de prendre le temps de les écouter comme lors des récréations ou à l’accueil.
Cette expérience de proximité en colonie m’a permis d’être beaucoup plus à l’écoute dans mon métier d’enseignant et de détecter plus facilement les signaux faibles.
Quels sont les apports pour les enfants qui participent aux colonies de vacances ?
Les apports sont très riches et les premiers auxquels je pense sont les suivants :
- Acquérir de l’autonomie dans la vie quotidienne. Les enfants sont responsabilisés dans leur quotidien. Ils prennent conscience de ce qu’ils sont capables de faire.
- La collectivité apporte beaucoup. Ainsi, ils apprennent à vivre, échanger et respecter les autres et leurs idées.
- Les rencontres humaines de l’enfant à l’adulte, chaque animateur a un vécu différent. Et ils peuvent apprendre de nombreuses choses aux enfants comme savoir jouer, se dépasser, …
- Des découvertes qui sont principalement marquées par : de nouvelles activités, un nouvel environnement, d’autres cultures, d’autres milieux sociaux, d’autres façons de vivre.
Pour vous, en quoi le Pass colo est-il une aubaine pour la jeunesse ?
Déjà, cela va permettre aux enfants qui n’ont pas l’opportunité de partir d’avoir accès à ces aventures. Pour le vivre au sein de ma collectivité territoriale, le financement des classes de découvertes se fait de moins en moins, donc les enfants partent moins dans un cadre collectif. Et donc, le Pass colo peut permettre aux enfants de bénéficier des apports ci-dessus tout en aidant les familles à financer le départ en séjours collectifs de leurs enfants.
Ce témoignage d’Amélie Raux a été publié pour la newsletter Coopérons avec l’école. Vous souhaitez découvrir cette newsletter bimestrielle gratuite ?
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