Municipales 2026 : l’enjeu du droit à la culture et à l’éducation selon les MJC
A l’approche des élections municipales, Magali Verdier, Déléguée culture et territoire à MJC de France, revient sur les enjeux de ce scrutin pour le droit à la culture, à l’éducation ainsi que pour le tissu associatif local.
Pouvez-vous présenter en quelques mots les MJC et son réseau ?
« MJC de France est un réseau qui regroupe 1000 associations locales, organisées régionalement, dont les actions bénéficient à près de 4 millions de personnes. Le réseau s’appuie sur 43 000 bénévoles et 17 500 salariés pour co-construire des projets locaux au service de l’intérêt général.
Les MJC constituent des espaces de découverte, où l’on peut se laisser surprendre, trouver ce que l’on ne venait pas chercher, rencontre l’autre, découvrir d’autres domaines, d’autres cultures…
Ce sont aussi des lieux d’expression, des espaces de débat, où l’on a le droit d’exprimer ce qui nous traverse, où l’on apprend à argumenter et à se confronter aux idées des autres.
Ce sont des lieux de pratique artistiques, culturelles, sportives, réelles ou virtuelles, entre pairs ou dans le cadre d’ateliers encadrés par des bénévoles et des professionnel.les.
Ce sont enfin des espaces de co-création, des lieux du faire ensemble, entre citoyen.nes, habitant.es, artistes, élu.es, jeunes et moins jeunes, où l’on construit des réponses aux besoins du territoire. »
Quel est l’enjeu des élections municipales pour les MJC de manière générale ? Et pour faire respecter le droit à la culture et à l’éducation ?
« Avec 70 ans d’expérience et plus de 5 millions de personnes qui bénéficient de leurs actions chaque année, les MJC travaillent avec les collectivités pour construire ensemble les réponses aux problématiques rencontrées sur les territoires. Faire, agir ensemble, inventer et organiser avec les ressources et l’implication des collectivités : voilà le savoir-faire des MJC.
Pour cela, elles associent des citoyens, des citoyennes volontaires et des élu.es territoriaux.les pour administrer et animer un projet local de « vivre ensemble », et s’appuient sur des professionnel.les qui accompagnent et mettent en œuvre les actions. Elles promeuvent la co-construction des politiques publiques et elles y participent en tant que partenaires dans le respect de leurs valeurs.
Derrière l’image de centres d’activités de loisirs, se révèle dans chaque MJC un travail de tisserand du lien social. Les MJC inventent les formats appropriés aux besoins spécifiques de chaque territoire. D’où une diversité infinie d’initiatives !
Par exemple : création et gestion d’espaces de vie sociale, accueil collectif de mineurs, accueil de volontaires, formations à destination des professionnels et des bénévoles, accompagnement à l’utilisation du Pass culture par les jeunes, animation péri et extra-scolaire, développement de tiers-lieux et de fab-lab, accompagnement à la scolarité…
Les données de l’Observatoire des MJC, récoltées en 2023 et portant sur des chiffres de 2022, nous permettent de mesurer la part très importante des subventions communales et intercommunales dans le budget des MJC :
- En médiane, la proportion totale des subventions publiques des MJC est de 52% pour 48% d’autofinancement (cotisations, participations aux activités, billetterie etc).
- Parmi les 52 % de subventions publiques, 63 % sont issus du bloc communal.
Alors que le 1er Observatoire des MJC pointait déjà qu’une MJC sur deux était en déficit en 2022, les résultats d’une nouvelle enquête menée au printemps auprès de 300 structures du réseau montrent que 22 % des MJC voient leur subvention baisser en 2025, dont certaines de manière très significative. Si nous saluons le fait que 62 % des MJC voient leur subvention communale maintenue, dans un environnement marqué par l’inflation et la nécessaire revalorisation des salaires, une subvention maintenue à l’identique signifie, dans les faits, une réduction de budget pour les structures. Ainsi, en 2025, 84 % des MJC doivent composer avec des ressources diminuées.
Par ailleurs, les structures souffrent d’un manque de visibilité sur les financements : fin avril, 27 % des MJC répondantes ne connaissaient pas encore le montant de leurs subventions communales. Plus grave, elles s’inquiètent aussi de réductions probables ou avérées des aides départementales, régionales ou étatiques.
Au-delà des diminutions de subventions directes, d’autres soutiens s’amenuisent également : réduction des aides de l’État pour l’embauche d’apprentis ou financement des postes (FONJEP jeunes), subventions politiques de la ville, activités d’insertion…
Le résultat des élections municipales constitue donc un enjeu central pour le réseau des MJC, à la fois parce que les communes et intercommunalités sont les premiers partenaires des structures du réseau, et parce qu’un grand nombre de MJC sont déjà en difficulté.
Des arbitrages financiers en défaveur des associations de jeunesse et d’éducation populaire, qui, comme les MJC, favorisent la participation des habitants à des projets de territoires et qui accompagnent la co-construction des politiques publiques en faveur de la jeunesse, de la culture et de l’animation de la vie sociale porteraient un coup fatal au bien vivre-ensemble et à la cohésion sociale. »
Magali Verdier interviendra lors de nos Rendez-vous des vacances et des loisirs collectifs, pendant notre colloque « Municipales 2026 : grandir ensemble » le 20 juin, à Paris. Pour en savoir plus sur les Rendez-vous des vacances et des loisirs collectifs, cliquez ici